Après la réparation financière, puis le geste symbolique qui prend souvent la forme d’une cérémonie mémorielle, la CRR a proposé aux victimes qui le souhaitent d’être accompagnées individuellement pour écrire le récit de ce qui leur est arrivé. Un ouvrage en est né.
Sans aucune prétention « thérapeutique » et dans une perspective de revalorisation de soi, l’écriture a été un cadre soutenant, pour sortir de leur empêchement d’être. Les témoins de ce recueil disent leur volonté de sortir du long silence, du déni mortifère. Autrefois, il était impossible de parler, aujourd’hui, il n’est plus possible de se taire.
Ces récits de victimes de violences sexuelles, infligées par des religieux de l’Église catholique, le disent avec force et douleur, chacun à sa manière. Me too, moi aussi… Il faut les lire, se préparer à l’effet de choc comme à l’effet de miroir qu’ils suscitent, le singulier, on le voit, rencontrant l’universel.
Il faut être hospitalier à ces itinéraires de souffrances protéiformes qui ont pris le visage de la violence, de la manipulation, de l’emprise, de la sidération traumatique avec, chaque fois,
la collision-collusion du sexuel et du sacré : comme la toge, la blouse ou la robe symbolisent d’autres pouvoirs, ces clercs pédocriminels portent l’habit de l’autorité morale et spirituelle, censé rappeler l’importance de leur charge et de leur responsabilité. Pour les victimes, il n’évoque plus que souillure et dégoût. Le diable a revêtu l’habit…
Une dizaine de témoins ont contribué à cet ouvrage ! Il faut les en remercier
Sous la direction de Michèle Faÿ, critique littéraire, et de Claire Horeau, magistrat honoraire et post-face écrite par Antoine Garapon, président de la CRR . Edité aux éditions Karthala 238 pages, 20 €
Sortie officielle 23 mai 2024
A propos de la Commission Reconnaissance et Réparation (CRR). En 2021, à la suite de la publication du rapport de la CIASE, la Conférence des religieux et religieuses de France (CORREF) a souhaité s’engager dans la voie d’une justice réparatrice en faveur des victimes et décidé la création d’une Commission indépendante (la CRR) pour examiner la réparation des violences sexuelles commises par des membres d’instituts religieux français, sur des mineurs ou sur tout adulte «en situation de vulnérabilité». La CRR a vocation à recueillir les demandes des personnes victimes, reconnaître les faits dénoncés et proposer des formes de réparation financières et non financières par les instituts religieux mis en cause.
Recension de l’ouvrage par la CORREF :